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Au XVIIème et XVIIIème siècle, dans l’ancien royaume du Danhomè, est née la religion traditionnelle Vodoun, symbiose de la rencontre des cultes des dieux yorubas et des divinités fon et ewe. Le Vodoun comprend un Dieu suprême appelé "Mawu" et une multitude de dieux intermédiaires. 

 

Dieu de la terre et de la variole, Sakpata est l’un d’eux, il est ici peint par l’artiste béninois Cyprien Tokoudagba. Il est dit que Sakpata est craint ainsi que ses adeptes qui sont supposés détenir de terribles secrets de destruction comme de guérison.

 

Le Zangbétô est le "gardien des nuits". Ses adeptes forment une société secrète. Lorsque Zangbétô apparaît le jour, le fétiche est accoutré d’un toit de chaume conique, évolue dans des pirouettes acrobatiques et pratique même des démonstrations de magie. 

 

Les photographies de Léonce Raphaël Agbodjelou et les peintures de Cyprien Tokoudagba, tous deux artistes béninois, nous donnent à voir des représentations de "revenants". Au Bénin, les revenants, également appelés "Egoungouns" ou "Koulito", ou encore "Clutô", sont des personnes décédées qui reviennent au cours d’une cérémonie spéciale dans laquelle on les invoque. C’est une société religieuse appartenant au culte Vodoun, basée sur l’adoration de masques représentant des morts revenants. 

 

La série "Vodounons/Vodouns" du photographe belge Jean-Dominique Burton est, selon lui, « un univers fait de respect et de légendes, symbolisé très souvent par d’incroyables autels abstraits, subtil mélange de sculptures, peintures et installations, dignes de figurer dans les plus prestigieuses galeries d’art contemporain. Ces rencontres furent intenses et passionnantes. La confiance avec laquelle les Vodounons me laissèrent réaliser leur portrait et photographier le Vodoun le plus caché et vénéré au sein des temples, couvents et forêts sacrées m’honora et me combla au-delà de toutes mes espérances. » « Ce travail est avant tout une série de rencontres et d’échanges et ne se veut en aucun cas un recensement exhaustif de ses officiants ni encore moins un essai ethnologique. Il montre avec humilité ce qui se cache derrière ce "voile d’Isis" délicatement soulevé. » (Vodounons/Vodouns, Jean-Dominique Burton, Editions 5 Continents /Fondation Zinsou, 2007)

L’artiste Jérémy Demester a utilisé, dans Amon Houeda I, II et III, des objets de la vie quotidienne, des toiles de parasols qui appartenaient à des marchands béninois, qu’il a tendues et assemblées. Jérémy Demester donne ce qu’il appelle une « essence sacrificielle » à ces objets. Il aime l’idée qu’on puisse prendre un objet du quotidien, qui a vécu, a reçu toutes les forces de la nature durant des années, et qu’on le transcende en le détournant de sa fonction première. Lorsqu’on les déplie, ces formes prennent un aspect inattendu, il y voit des fleurs, il évoque celles du peintre américain Cy Twombly, artiste qui l’inspire beaucoup.

Ces œuvres font également référence au Soleil et à sa force. « Amon » est le Dieu soleil égyptien, symbole de la vie sur la terre, dans le ciel et au-delà, ainsi que de la fertilité. Le mot « Houeda » fait référence à la ville de Ouidah au Bénin, dans laquelle il a créé les œuvres, et qui est considérée comme le berceau de la religion traditionnelle vodoun. Jérémy Demester aime penser qu’il y a des liens et des similitudes entre les croyances de différents peuples (mythologie égyptienne, vodoun au Bénin, etc.), il pense qu’on peut retrouver le témoignage de ces liens au sein même des formes que prennent certains objets du quotidien, sans qu’on y prête forcément attention. 

L’utilisation de la toile de parasol est un élément important au regard des traditions royales d’Abomey, capitale historique du Bénin. Cet accessoire royal est pour Jérémy Demester, une protection pour faire face « aux possibles », aux forces qui viendraient du ciel, ou d’ailleurs… Ces œuvres sont finalement selon lui une manière de « se situer », au sein de tous ces éléments.

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