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Les années post-indépendance à Kinshasa ont été mises en images par trois artistes de la collection : Moké, Chéri Samba et Jean Depara.

Les photographies en noir et blanc de Jean Depara dressent un portrait de la société et de la vie nocturne zaïroise dans les années autour de l’indépendance. Jean Depara travaille comme cordonnier avant de réaliser ses premières photographies noir et blanc en 1950 à l’aide d’un appareil Adox acheté lors de son mariage. Il exerce différents métiers avant d’ouvrir en 1956 son propre studio, le « Jean Whisky Depara », à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa). La journée, il réalise des portraits et le soir, il se fait le chroniqueur, par le biais de ses images, de l’atmosphère tumultueuse et fébrile de la nuit zaïroise dans les années autour de l’indépendance. Il fréquente les bars, les fêtes et les boîtes de nuit de Kinshasa. Il devient en 1954 le photographe officiel de Franco, maître de la rumba zaïroise. Ses photographies retracent l’engouement des jeunes Africains pour l’« american way of life » - les femmes posent sur des voitures américaines, les hommes s’habillent en cow-boy – mais aussi les rivalités vestimentaires des sapeurs de la jeunesse congolaise.

 

Les nuits kinoises sont également représentées par l’artiste Moké, qu’on pourrait qualifier de « peintre-reporter ». Considéré comme le père de la peinture populaire zaïroise, Moké  observe minutieusement la ville, les marchés, les grandes artères, les fêtes, les buvettes la nuit, la vie quotidienne des kinois le jour. Il peint des scènes vivantes et colorées, qui paraissent être prises sur le vif, à la manière d’un photographe. Les toiles présentées ici mettent en scène deux versants de la vie quotidienne kinoise : l’un plus intime, au sein d’un foyer (le repas familial, le bain de l’enfant), l’autre public, la vie urbaine, en journée ou la nuit, bus et vendeurs ambulants, photographe en pleine action, bagarre dans un bar… 

 

La ville de Kinshasa est également représentée par l’artiste Chéri Samba, le plus célèbre représentant de la peinture populaire congolaise. Mots et images se côtoient dans ses toiles narratives, récits d’épisodes de la vie quotidienne ou de faits de société. Formé au dessin et à la réalisation d’enseignes publicitaires en 1972 à Kinshasa, il ouvre son propre atelier en 1975. Il réalise d’abord des bandes dessinées pour le journal Bilenge Info, avant de s’inspirer de cette technique qui mêle images et textes pour ses propres peintures. Il expose ses tableaux sur la façade de son atelier à Kinshasa pour conquérir le public le plus large possible. Sa pratique reste très marquée par ses premières expériences en tant que peintre d’enseigne publicitaire et dessinateur de BD. Son but est de transmettre au plus grand nombre des récits des évènements politiques, des faits de sociétés, pour se faire il utilise une palette chromatique riche, vive, contrastée et des textes. Il appelle cela le « style sambaïen » ou la « signature sambaïenne ». Dans les premières années de son travail, comme en témoigne le tableau « Kinshasa ya grand match », Chéri Samba utilisait une forme de perspective, une construction sur différents plans du tableau, encore très marqué par Moké. Avec les années, Chéri Samba va développer une composition de toile plate, il utilise désormais en général des fonds unis sur lesquels les motifs se découpent isolés de tout contexte. Ses toiles sont alors souvent pailletées, forme de dédramatisation du sujet afin que le spectateur puisse pénétrer sans appréhension dans l’œuvre quel qu’en soit le message.

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